Catastrophe ! [PV :Momo xD]

Des chats... Des chats criaient dans la forêt. Des félins couraient de partout, cherchant un moyen de sortir de ce cauchemar. Que se passait-il dans la forêt ? Un malheur était-il arrivé ? Un incendie était en train de détruire les territoires ? Non, cela ne sentait pas le feu. Une inondation ? Non, ils n'était pas à côté de le mer. Et cela faisait plusieurs lunes qu'il n'avais pas plu.
Tous chat s'arrêtèrent soudain de bouger. Le regard semé d'inquiétude. On attendait non loin de là, des rugissements, des aboiements. Les aboiements se firent de plus en plus entendre. Tous les félins se mirent alors à courir du côté opposé du bruit. Puis, ils les découvrirent. Des grands, des petits. De toutes races. Des chiens !

Mes pattes foulaient le sol à une vitesse époustouflante. Sans aucune difficulté, je passais les obstacles, ignorant les rongeurs qui filaient se cacher lorsque je leur passais devant. Pas qu'ils ne soient pas gros et appétissants comme je les aime, mais parce-que mon cerveau était comme préoccupé. Je ne sentais plus mes pattes, mes coussinets me brûlaient comme si la terre sous moi se réduisait en cendres. Je pouvais même sentir l'odeur de la braise tellement la douleur était présente, mais j'avais toujours cette impression. L'impression qu'ils me suivaient. Comme une ombre, pour qu'à aucun moment je ne me doute que la mort me suit. J'éloignai cette pensée pour courir encore plus vite. Je ne savais pas où j'allais.

Une chose était sûre : j'étais sur le territoire des Clans. Qui sait, j'allais peut-être me trouver nez-à-nez avec celui le plus sanguinaire de la forêt et être réduit en chair à corbeau. Mais dans ce cas la mort m'accueillerait à bras ouverts. Elle serait venue me chercher alors qu'inconsciemment, j'avais pris la décision plus qu'absurde d'aider le Clan qui se trouvait le plus près. Le plus près de là ou je les ai vus pour la dernière fois. Ils dévoraient sans pitié le cadavre d'un jeune chat. Des chiens sauvages, barbares, même les plus petits étaient à l'ouvrage, et au contraire des caniches des bipèdes, ceux-ci avaient l'air de se ficher pas mal de salir leur pelage qui fut autrefois blanc.

Ma patte frôla une racine et, la fatigue se faisant sentir, je tombai de tout mon poids sur celle-ci, tel un sac rempli de sable qui perd l'équilibre. Cette chute m'arracha un feulement de douleur puisque j'étais tombé sur ma patte pliée, la tordant ainsi avec mon poids plus qu'élevé. M'aidant de ma patte valide, je me relevai, ce qui ne plut pas à mes coussinets qui me firent encore plus souffrir. Sous le choc de la douleur, ma figure s'écrasa par terre et je sombrai dans le chaos.

Je sortis brutalement d'un long sommeil sans rêve. Mis à part le rêve habituel où j'étais à la place de la victime que j'avais aperçue. Ma tête me faisait horriblement souffrir et je pris un long moment avant de ma rappeler où j'étais mais surtout ce que je faisais ici. Une forte odeur m'emplit les narines, pas à ma connaissance celle des chiens; la raison devait être que je ne l'avais aucunement remarquée la veille, trop assailli par la fatigue. C'était l'aube, j'avais donc dormi dans les normes, bien que cela soit à mon goût une nuit un peu trop longue. L'aube pointait le bout de son nez et je commençais à reprendre mes esprits. J'ai tenté de me relever, ayant déjà oublié ma première chute de la veille. Ma patte gauche me fit atrocement souffrir ce qui me ramena à la triste réalité que j'étais en danger et vulnérable. N'importe quel chat des Clans me voyant ici sentirait mon odeur et n'hésiterait pas à me supprimer.

Cependant, je n'étais pas encore résigné à mourir. L'odeur que j'avais sentie tantôt était celle d'un Clan proche; il fallait donc que je m'y rende. Le pas lent et difficile, je progressai dans une succession de buissons pour tenter de trahir ma présence mais ma blessure rendait ma progression tellement indiscrète que je faisais finalement plus de bruit en avançant dans des feuillus. Je décidai de progresser sur un chemin plus facile qui me conduit à une entrée accompagnée d'une odeur très forte identique à celle sentie précédemment. Téméraire, je m'engageais dans le petit passage et, à peine ais-je mis une griffe dans le camp que j'entendis inévitablement des feulements et miaulements hostiles. Ma vie s'arrêtait sûrement là. Je m'assis alors que le regard des inconnus me pesait tel la surface grise d'un chemin du tonnerre sur mes épaules. Des « que fais-tu ici ? » presque hurlés s'échappaient de partout et les mères allaient réfugier leurs petits comme si, à moi seul, j'allais détruire le camp dans toute son entièreté. Un seul miaulement, haut et fort, fit taire l'assemblée.

- Que se passe t-il ici ?!

Je me posais également cette question. Une chatte blanche, fine et pure, je fixait de ses yeux verts. Je la regardai longtemps dans les yeux avant de me lever et me diriger rapidement vers elle, sous le regard effaré des félins présents. Je m'approchai d'elle jusqu'à sentir son souffle angoissé sur moi; cependant, elle ne bougea pas. Essoufflé et mort de fatigue, je m'assis de nouveau et un sourire de soulagement dut se lire sur mon visage alors que ma patte gauche ne fut plus en contact avec le sol.

- Il se passe qu'on va tous crever si on se bouge pas le derrière.

J'avais articulé cette phrase entre deux longes inspirations. Je n'avais presque plus de souffle ni de forces.

Etoile du Crépuscule regarda le chat noir de ses yeux verts. Le félin était fatigué, blessé.
Elle ouvrit que grands yeux quand il lui annonça :

- Il se passe qu'on va tous crever si on se bouge pas le derrière.

Quoi ? Mourir ? La chef repensa alors à son rêve. Horrible et mystérieux à la fois.
Même si les félins ne savaient pas se qui se passait, des cris de terreurs retentissaient dans la foule. Tous les chats se regardaient, le regard angoissé et inquiétant à la fois. C'était comme dans le message du Clan des Etoiles. Un malheur allé se passer.
Tout à coup, tous le monde se tut. Laissant un silence de mort prendre place.
On n'entendait plus que le bruit des feuilles. Aucun oiseau ne chantait. Pour Etoile du Crépuscule, la forêt était trop calme. Quelque chose se passait.

La chef monta à une vitesse folle sur le promontoire. Laissant l'inconnu en plan. Elle n'eut pas besoin d'appeler les chats qu'ils étaient déjà devant elle, entendant son discours.

- Ce solitaire à raison ! Un malheur va arriver ! Des chiens parcourent la forêt ! Je le sais à cause du message du Clan des Etoiles !

Tous les félins crièrent. Le camp n'était plus calme et joyeux comme tous les jours. Il portait une chaleur horrible. Les chats s'arrêtèrent d'un coup quand Etoile du Crépuscule cria :

- Silence !

Elle reprit plus calmement, bien qu'elle était inquiète autant que les autres.

- Je vous demande de rester calme ! Il faut partir d'ici, aller à l'abri ! Je connais un endroit où les chiens n'iront jamais ! Le Volcan !

Etoile du Crépuscule sauta du promontoire. Tous les chats savaient quoi faire. Les apprentis emmenèrent les anciens sur la grande place. Et les guerriers étaient prêts à partir.
La chef alla voir le solitaire rapidement. Elle s'assit près de lui et remarqua sa blessure à la patte. Elle ordonna à l'apprenti guérisseur d'aller lui chercher une toile d'Araignée et une graine de pavot. Il revint et donna directement au solitaire.

- Je te remercie de nous avoir prévenus. Veut-tu nous aider.... heu.... Ton nom ?

Etoile du Crépuscule se sentit bête en demandant cela.

Alors que j'avais annoncé la nouvelle au chef, celle-ci sembla reconnaître mon affirmation un peu déplacée et l'associer à quelque chose qui s'était produit. Elle devait être déjà au courant; et j'étais simplement la confirmation de sa crainte. Et, comme si la nature pouvait nous comprendre, un silence de mort s'installa. Une chose que je détestais, le silence. Cependant, il ne me troubla que quelques secondes. La jeune chatte courut sur son promontoire et parla à son Clan. J'arrivais à peine à entendre ce qu'elle disait :

- Ce solitaire à raison ! Un malheur va arriver ! Des chiens parcourent la forêt ! Je le sais à cause du message du Clan des Etoiles !

Je m’affaiblissais de plus en plus, j'avais besoin de soins et de sommeil. Deux jours. Cela faisait deux jours que je courais sans me nourrir, sans me soigner. A chaque seconde je manquais de sombrer dans le chaos, et je pouvais le deviner car j'entendais à peine l'affolement et les cris des chats présents. La chatte cria de nouveau un ordre à son Clan que j'eus du mal à entendre. « Il faut que je me ressaisisse. », me dis-je. J'ouvris les yeux et le son revint si fort que mes oreilles en souffrirent, accompagné d'un sursaut affolé. Heureusement, personne ne m'avait remarqué et les chats pensaient d'abord à leur survie avant de me déchiqueter.

- Je vous demande de rester calme ! Il faut partir d'ici, aller à l'abri ! Je connais un endroit où les chiens n'iront jamais ! Le Volcan !

Je n'aurais jamais pu supporter cela. Rien que de sentir l'odeur de la peur, l'angoisse qui me hantait depuis deux jours ne faisait que s'amplifier. Je n'étais jamais allé au Volcan même si je connaissais cet endroit de nom. La chef avait raison. Le seul problème, c'est qu'alors, ce Clan devrait rester toute sa vie là-bas et je pense que ce n'était pas leur intention. Car les chiens ne mourraient pas par magie, une énergie et une férocité telle prouvait leur jeunesse éclatante. De plus, la trajet risquerait d'être difficile.

La femelle se dirigea vers moi. Elle avait une démarche souple et rapide, pourtant son arrivée sembla durer une éternité. Je ne lui dis rien de mes doutes à propos de son affirmation, elle n'avait sûrement pas besoin de mon avis. Cependant, elle envoya une apprentie guérisseuse me chercher des soins. Celle-ci revint rapidement me les apporter et, ayant appris à soigner les blessures de bases - étant solitaire, je ne pouvais profiter d'une guérisseuse -, j'appliquai les toiles d'araignée sur ma patte en sang et mes coussinets brûlés. Je remerciai ensuite la chef et l'apprentie d'un signe de tête.

- Je te remercie de nous avoir prévenus. Veut-tu nous aider.... heu.... Ton nom ?

La femelle était aussi stressée que moi, attitude tout à fait compréhensible. Je ne savais pas à quelle question répondre. Je choisis la deuxième par question de principe.

- « Roi Maudit. Les chiens sont au sud, je les fuis depuis deux jours. Lorsque vous irez au volcan, je vous conseille de passer par l'ouest... Même si ils sont partout... Et toi quel est ton nom ? »

Je n'avais pas voulu poser la dernière question que je trouvais un peu stupide par rapport au reste de ma phrase. Mais je n'aimais pas parler à de parfaits inconnus dont je ne connaissais pas le nom. Pourtant, tous les chats à qui je parlais m'étaient inconnus.

- « Roi Maudit. Les chiens sont au sud, je les fuis depuis deux jours. Lorsque vous irez au volcan, je vous conseille de passer par l'ouest... Même si ils sont partout... Et toi quel est ton nom ? »

Etoile du Crépuscule lui fit un sourire. Bien qu'elle était aussi angoissée que tous les autres félins.

- Etoile du Crépuscule. Enchanté. Nous suivrons ton conseil. A présent, tu peux partir.

La chef savait très bien qu'il ne voulait pas les aider. Il n'avais pas répondu à sa première question.
Le Soleil était maintenant à son Zénith. Etoile du Crépuscule rejoignit les siens pour se mettre en route. Quand à Roi Maudit - un bien mystérieux nom - commençait aussi à partir.

La troupe était maintenant à mi-chemin. Tout le monde regardait autour d'eux. Ils avaient peur. Peur qu'un chien se montre. Etoile du Crépuscule aussi avait peur. Même peut-être plus peur que tous ses guerriers. Elle ne savait pas se qu'elle ferait dès qu'ils seront arrivés au Volcan. Du moins, s'ils y arrivent.
Ils marchaient toujours. En silence. Les félins avaient suivis le conseil de Roi Maudit, ils étaient partis vers l'Ouest.
La femelle s'arrêta d'un coup. Elle ferma les yeux et huma l'air. Elle les rouvrit et continua à marcher. Etoile du Crépuscule savait qu'ils n'étaient pas loin. Les chiens. Elle sentait le sol vibrait sous ses pattes aussi tremblantes que la terre.
Elle s'arrêta d'un coup - ainsi que la troupe - à cause d'un aboiement étouffant.
La féline accéléra le pas. Toujours regardant derrière elle.

Enfin arrivée au Volcan, tous se couchèrent pour se reposer un peu. D'autres allèrent chasser, dont Etoile du Crépuscule.

Elle trouva une souris. Elle se mit en position d'attaque. Mais malheureusement, une branche craqua, ce qui fut fuir la proie.
Etoile du Crépuscule se retourna d'un coup, elle regarda à travers les buisson. L'endroit où la branche c'était malheureusement cassée. Elle vit des yeux bleus turquoises. La chef n'eut pas de mal à reconnaître le solitaire de tout à l'heure. Roi Maudit.

La femelle blanche lui sourit et lui dit :

- Tu nous as finalement suivi...

- Etoile du Crépuscule. Enchanté. Nous suivrons ton conseil. A présent, tu peux partir.

J'aurais voulu aider ce Clan. Et cette pensée me terrifia, car j'ai toujours voulu être solitaire et le rester toute ma vie. J'avais déjà désobéi à une règle que je m'étais établie : ne pas aider les Clans. C'était avant tout une règle de sécurité et bien évidemment de logique; car un Clan en détresse à vite tendance à sentir le danger en vous, lorsque vous êtes solitaire. C'était exactement ce qu'il s'était passé dans le cas présent, sauf que j'étais encore vivant. Par miracle, je souligne tout de même.

Je quittai le camp un peu agacé, agacé contre moi-même. J'aurais pu proposer mon aide avant de partir et au lieu de cela, j'ai filé avec la seule pensée que mon devoir était accompli et que je les laisserais se débrouiller. Alors que j'entendais encore l'agitation du Clan derrière moi - ils se préparaient à l'expédition - j'eus l'idée de suivre mon propre conseil : partir vers l'ouest. Même si les chiens auraient vite fait de nous rejoindre... J'éloignais tout de même cette pensée pour laisser place à un peu d'optimisme : j'étais seul et avais plus de chances de m'en sortir. Un Clan entier courait, lui, bien plus grand danger.

J'ai donc entamé le chemin alors qu'il était environ midi, d'après la position centrale du soleil. Je marchais assez lentement et le Clan serait sûrement là avant moi. Mes pattes me faisaient encore souffrir bien que, le saignement arrêté, la douleur se faisait beaucoup moins ressentir. Je pouvais voir le Volcan de loin même si il n'était pas spécialement ma destination, je voulais juste rester un peu là et, si je recroisais ce clan, je lui proposerais mon aide. Au crépuscule, j'étais près du Volcan en train de me reposer. Cependant, en voyant les chats arriver, je me suis éclipsé - j'étais finalement arrivé un peu avant eux - et ai été me fourrer dans les bois en quête de nourriture. Je n'avais pas eu faim depuis longtemps, mais elle commençait, tout comme la fatigue, à se montrer.

Alors que, caché dans un buisson en hauteur, je me préparais à sauter sur une souris pour la dévorer, je sentis une odeur qui ne m'était pas inconnue et vis un pelage blanc s'avancer discrètement vers la souris. Sachant qu'Étoile du Crépuscule avait un Clan à nourrir, je lui laissais cette souris bien en chair sans lui faire remarquer ma présence. Mais mon appui - la branche - craqua, et j'eus juste le temps, avant qu'elle se brise, de sauter dans un autre buisson. Tout ce boucan avait fait fuir la proie et éveillé l'attention de la femelle. Je sortis alors de mon buisson. La jeune chef me regarda d'abord l'air apeuré puis me reconnut et sourit.

- Tu nous as finalement suivi...

Non, je ne les avais pas suivi. En toute logique, c'était eux qui m'avaient suivi vu que j'étais arrivé avant eux. Mais il n'en est pas moins vrai que j'ai été vers l'ouest pour ma sécurité mais aussi pour aider ce Clan. J'exposai donc mon idée tout haut :

- « Je vais vous aider .»

Je me sentais un peu mal à l'aise après avoir dit cela. C'était sorti tout seul. Heureusement, Étoile du Crépuscule avait accepté mon aide et me guidait vers son Clan. J’espérais simplement ne pas être accueilli comme la fois dernière même si je me doutais que c'était peu probable, étant donné la terreur des chats. Je pouvais même lire cette même peur dans le regard de leur chef. Étrangement, je me sentais mal à l'aise oui, mais je n'étais pas horrifié. C'était normal puisque je n'avais personne à protéger. La chatte me murmura un "merci" que j'entendis à peine mais qui suffit à avoir conscience tranquille.

Au camp, j'essayais de me trouver une place pour somnoler un peu tandis que la chatte envoyait quelques-uns de ses guerriers en patrouille. Je dormis quelques minutes seulement, réveillé par les cris des chats. J'ai cru un moment que le camp était attaqué mais c'était seulement les guerriers revenus au Clan qui avaient annoncé le verdict : les chiens étaient tout près. Cependant, je sentis l'odeur de ceux-ci tout près. La chef prit cette décision :

- Il y a un canyone non loin de là. Quand les chiens feront leur apparition, nous essaierons de les mener là-bas.

Je participerais à cette aventure avec joie. C'est la chose qui me traversa l'esprit avant que les chiens ne fassent leur apparition. Je les avais sentis. Étoile du Crépuscule sauta devant les chiens afin de mettre son plan en pratique. Elle se mit à courir, trois ou quatre chiens à ses trousses. Tous ne l'avaient pas suivi; certains étaient restés pour massacrer le Clan... Mais ils ne le feraient pas. Je me mis à courir et passai juste devant les chiens en leur tournant autour pour attirer leur attention. Je me sentais très en forme, tout à coup.

Les trois chiens restants à mes trousses, énormes et assoiffés de sang, me suivaient de près en battant des mâchoires. Je décidai donc d'accélérer le pas tout en voyant, au loin, la chatte. Elle était vivante. Je la voyais couchée... Elle avait réussi son plan. Cependant, les chiens à mes trousses allaient la voir et... Cette pensée me mit très mal à l'aise d'autant plus que je sentis une douleur violente dans la patte gauche. Il fallait que je trouve une solution au plus vite : je ralentissais. Les chiens s'approchaient de plus en plus... Je pouvais sentir leur souffle chaud me hérisser le poil derrière moi.

Comme il fallait que j'évite la jeune chatte, je devrais faire un détour pour aller plus vers la gauche, afin de faire tomber les chiens dans ce canyone sans qu'ils ne la voient. Je boitais désormais, et la douleur était insoutenable. J'allais tomber d'un instant à l'autre et me faire dévorer par ces ignobles créatures. Le bord du canyone se rapprochait de plus en plus, néanmoins. Il fallait que je tienne le coup, absolument.

Le bord était là. Devant moi. Je m'arrêtai. Ou du moins je voulus m'arrêter. Ma patte gauche craqua et que me sentis partir en avant. Dans le canyone. Avec les chiens.

Je voyais la mort. J'en étais sûr. Elle venait me chercher, de ses bras faméliques... Elle me touchait... J'étais sûr de partir, je me préparais à ne plus rien sentir après le choc. C'est exactement ce qu'il se passa. A part que la mort ne vint pas me chercher. J'ai senti une vive douleur dans le dos, j'ai vaguement senti ma patte se ramollir comme un vulgaire tas d'os sans chair. Je vis vaguement les chiens se fracasser le crâne sur le bord de la pierre, laissant ainsi quelque trace de sang peu ragoûtante. Puis... Plus rien.

Je me suis pourtant réveillé. Je ne l'aurais jamais cru, mais alors, jamais. Et plus que sincèrement, j'aurais préféré mourir. Car si j'ai ressenti le soulagement d'être vivant pendant une seconde, je l'ai vite regretté en sentant la douleur vive qui me torturait le dos et la patte gauche. Je ne pourrais plus remonter, de toute manière. J'ouvris les yeux et contemplai le ciel, une dernière fois. Je me doutais que je ne tiendrais pas longtemps ici, vu le sang qui m'entourait.

D'un coup, je sentis une odeur. Une odeur qui me réconforta bien que je ne l'aie sentie que trois fois au cours de ma pitoyable existence. Celle d'Étoile du Crépuscule. Je devais rêver, car elle aurait dû me voir mort ici, si elle était venue voir. Je pourrais comprendre qu'elle ne soit pas venue de peur de voir un spectacle trop choquant. C'est sûr, je ne devais pas être beau à voir ! Pourtant, je vis une tête blanche et fine passer au dessus du canyone, avec une expression de tristesse, puis de surprise, de joie et surtout de doute. Je n'eus pas besoin de lui parler pour qu'elle comprenne qu'elle devait m'aider.

J'ai fourni un effort épouvantable pour me lever... Et pour grimper. Une partie sage en moi me disait de ne pas le faire et de rester là, de crever tranquille. Mais une autre, plus mauvaise certes mais celle que j'ai suivie, m'indiquait de vivre, encore. Quand je suis arrivé en haut, la chatte m'aida à me hisser sur le bord et ensuite, à bout de force, je m'effondrai, mort de honte, aussi. Elle me traîna par la patte droite jusqu'à mon camp - si elle avait tiré la patte gauche, elle me l'aurait arrachée - et alla me conduire chez la guérisseuse. Sur le chemin, je sentis une goutte d'eau salée me tomber sur le museau. Étoile du Crépuscule pleurait de joie. Je fis un sourire qu'on ne vit pas.


J'ai passé plusieurs jours dans la tanière de la guérisseuse. Il y faisait agréable, il y avait une température fraîche et ambiante qui réussissait à m'apaiser comme jamais. La chatte était assez distante mais tout de même aimable. Qu'elle ne m'apprécie pas, je comprendrais, je ne suis qu'un solitaire, après tout. Mais je trouve qu'elle s'est très bien occupée de moi puisqu'au bout de quelques temps, j'ai insisté pour sortir prendre l'air. Je ressentais encore une petite douleur à la patte, mais rien de grave... Je décidai alors d'aller voir Étoile du Crépuscule dans sa tanière mais ne l'y trouvai pas. Je me couchai donc au soleil en attendant son retour.

Étoile de Crépuscule était rentrée. Je la guettais du coin de l'oeil. Je n'avais pas envie de me lever, mais de toute manière elle vint se coucher non loin de moi et fit sa toilette. Tout à coup elle s'assit et me fixa de ses -beaux- yeux verts. Je voulais qu'elle me dise ce que je voulais entendre...

- Roi Maudit, je... je...


J'étais mort d'impatience.

- Je... Tu es très gentil et je... J'aimerais qu'on reste en contact et...


J'allais la couper et lui dire que moi aussi j'aimerais qu'on reste en contact et..

- Je t'aime !


J'avais tellement attendu ces mots ! J'étais tellement heureux, ça faisais longtemps que je ne l'avait plus été de la sorte.Étoile du Crépuscule était honteuse. Je lui répondis simplement :

- Moi aussi... Moi aussi je t'aime !